19.

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Tobias revint à lui à cause de la douleur.

Son flanc gauche l’élançait vivement. Il ouvrit les yeux et constata tout d’abord qu’il n’était plus dans l’embarcation. Ce qu’il en restait gisait dix mètres plus loin, répandu parmi les rochers. Ambre et Matt étaient invisibles.

Il allait se relever lorsqu’une vive douleur lui arracha un gémissement.

Un long morceau de bois était planté au-dessus de sa hanche. Tobias manqua de s’évanouir en le voyant pendre ainsi avec l’auréole de sang qui maculait ses vêtements ; il parvint à se reprendre en respirant profondément. D’une main il tira sur le pieu et de l’autre il appuya sur la plaie. La pointe très effilée était heureusement peu enfoncée. Il lui fallait néanmoins nettoyer la blessure.

D’abord les copains !

Tobias laissa son sac à dos sur place et fouilla les débris à la recherche de ses deux amis. Il trouva Matt inconscient, dans l’herbe, et Ambre un peu plus loin, tous deux couverts d’ecchymoses et de griffures. Ils reprirent leurs esprits tandis qu’il leur faisait couler un peu d’eau sur le visage, et chacun de constater les dégâts.

— Une sacrée veine qu’on s’en soit sortis avec trois fois rien ! s’étonna Matt.

Tobias souleva son tee-shirt et dévoila la vilaine plaie qui saignait beaucoup.

— Parlez pour vous ! Je crois que je vais m’évanouir !

Matt examina la blessure et se rassura en constatant qu’elle n’était que superficielle.

— Ambre, tu peux me passer la trousse d’urgence ? dit-il. Il ne faudrait pas que cela s’infecte.

Il terminait à peine de poser le pansement, quand Ambre désigna une colonne de fumée dans le ciel.

— On dirait qu’il se passe quelque chose derrière cette colline.

— Restez là, je vais aller jeter un coup d’œil.

Pendant que Matt gravissait le monticule à grandes enjambées, Tobias et Ambre rassemblèrent leurs affaires.

Ils virent Matt redescendre à toute vitesse.

— Nous avons de la visite ! Une patrouille Cynik, faut vite se planquer ! lança-t-il.

Ils eurent le temps de courir à l’abri d’un massif de ronces et de s’enfoncer dessous en rampant. Sous un pareil labyrinthe d’épines, personne ne pouvait les remarquer.

— Qui était le dernier ? demanda Tobias. C’était toi Matt, non ? Tu as pensé à effacer les traces au sol ? Qu’ils ne nous suivent pas jusqu’ici !

— T’en fais pas.

Cinq cavaliers noirs surgirent, lances à la main. Ils sillonnèrent toute la zone de l’accident en sondant les débris.

— On dirait bien un bateau ! s’exclama l’un d’eux.

— Qu’est-ce qu’il fait ici ? Il n’y a pas de rivière à moins de dix kilomètres !

— Il n’est pas entier, ce sont des fragments ! s’étonna un troisième. C’est un de ces navires qui volent ! Comme celui qu’une patrouille a croisé le mois dernier ! Ces satanés gamins aux cheveux verts et aux yeux étranges. Les démons de la forêt !

— Où sont les corps alors ? S’il s’est écrasé, il y a forcément des corps ! Ils n’ont pas pu survivre tout de même ?

— Qu’est-ce que j’en sais moi ? T’as qu’à descendre de ton cheval et explorer ce qui reste de l’épave ! Les autres, avec moi ! On va faire le tour par le sommet de la colline, et vérifier qu’ils ne sont pas tombés dans la plaine, allez !

Les chevaux se lancèrent au galop pendant que le soldat Cynik fouillait les décombres. Ses compagnons ne tardèrent pas à le rejoindre.

— Personne de ce côté. Viens, on retourne à la caravane.

— C’est tout ? Peut-être qu’ils sont dans les contreforts de la forêt, si on se dépêche on pourra les rattraper !

— Pas le temps, il faut rentrer à Babylone avec notre cargaison.

Sur quoi il éperonna son cheval et avec ses hommes rebroussa chemin.

Lorsqu’ils eurent disparu, l’Alliance des Trois rampa hors de leur cachette en s’époussetant.

— Si nous les suivons, à bonne distance bien sûr, ils nous conduiront à l’une de leurs villes, proposa Ambre.

— C’est drôlement risqué ! fit Tobias en frissonnant.

Matt approuvait déjà l’idée de la jeune femme et il se mit en route aussitôt.

Parvenus de l’autre côté de la colline, ils virent toute une caravane de chevaux, de chariots tirés par des ours et une cinquantaine d’hommes à pied. Des étendards noir et rouge flottaient au-dessus des roulottes pleines de ballots. Après une minute, les Cyniks se remirent en route, soulevant dans leur sillage un long panache de poussière brune.

L’Alliance des Trois attendit que la caravane ne soit plus qu’une ligne noire au loin, puis ils se lancèrent à sa suite, se servant de l’empreinte éphémère laissée dans le ciel comme d’un guide. Leurs corps étaient douloureux, les maux de tête s’intensifièrent avec les heures de marche, cependant aucun des adolescents ne se plaignit, trop concentrés qu’ils étaient sur l’horizon.

La surprise fut grande lorsqu’ils entrèrent dans un champ de coquelicots flamboyants qui couraient sans fin, l’écume rouge de cette mer dansant avec le vent sous l’azur des cieux ; c’était un spectacle somptueux qu’ils ne s’étaient pas attendus à voir sur des terres qu’ils imaginaient mornes et arides.

À vrai dire, ils ignoraient tout de cet endroit, des mœurs de ces adultes barbares. Vivaient-ils dans des cités ou des campements ? Étaient-ils seulement capables d’ingéniosité hors du domaine de la guerre ? Y avait-il des femmes parmi eux ? Des… enfants ?

En fin de journée la caravane s’immobilisa et plusieurs feux apparurent pour le bivouac. L’Alliance des Trois s’installa à son tour, sur le flanc d’un coteau, à l’abri d’une dépression. Ainsi protégés, ils purent eux aussi allumer un feu et cuire un peu de viande qu’ils avaient pris au Nid.

À la lueur des flammes, ils reprisèrent leurs vêtements déchirés par le crash. Tobias nettoya sa blessure, et Matt en profita pour ôter son gilet en Kevlar qui lui pesait. Au moment de se coucher, l’absence de Plume se fit plus vive encore. Matt aimait s’endormir et se blottir contre sa chienne au cœur de la nuit. Il se demanda si le vide qu’elle laissait disparaîtrait un jour, s’il parviendrait à l’oublier. Il ferma les paupières en écoutant houhouler un hibou tout proche.

C’était leur première nuit en pleine nature après une semaine de lits confortables, et malgré leurs duvets moelleux, le sol dur et l’humidité nocturne perturbèrent leur repos.

Au petit matin, Ambre s’était absentée, elle revint déçue de n’avoir trouvé aucun point d’eau pour ses ablutions et ils reprirent leur marche dès que la colonne de fumée apparut dans le ciel.

En fin de matinée, leurs pieds les faisaient souffrir et leurs sacs à dos semblaient peser une tonne sous le soleil étincelant. Ils s’étaient habitués à la température fraîche du Nid, tout là-haut au sommet de la Forêt Aveugle, oubliant que dans la plaine c’était l’été. Ils suaient abondamment, buvaient beaucoup, et les réserves d’eau s’épuisaient.

Depuis plusieurs kilomètres ils marchaient sur ce qui ressemblait à une piste : l’herbe était écrasée quand elle n’était pas remplacée par de la terre craquelée. De fréquents passages avaient creusé un mince sillon qui traversait des bois, des plaines de hautes fougères et grimpait à flanc de colline. La variété des fleurs éblouissait la petite troupe, étincelantes de couleurs vives au spectre large, toutes les nuances du cyan, du bleu-vert au violet, s’égrenaient au fil de leur marche, mélangées au pourpre, au jaune et à l’orange ; une vraie palette de peintre lançait ses arômes doux que le soleil intensifiait encore.

Tobias avançait en tête, les pouces sous les sangles de son sac à dos, une brindille coincée entre les lèvres, l’arc se balançant derrière lui au rythme des foulées. Comme le bon petit scout qu’il avait été autrefois. Matt enviait son détachement apparent, presque de la nonchalance.

C’est une façade, songea-t-il, Toby est un anxieux de nature… Il avait tout pour être bien sur l’île Carmichael, et pourtant il est là, dans cette galère avec moi, parce que je suis son ami, parce que je suis tout ce qu’il lui reste de son ancienne vie rassurante…

Matt prit soudain conscience que s’il venait à disparaître, Tobias n’aurait plus rien. Il se rattachait à lui comme à une bouée au milieu de cet océan gigantesque où il se savait perdu.

Si je meurs, que fera-t-il ?

Matt ne songeait pas souvent à la mort. Encore moins à la sienne. C’était étrange à vrai dire. S’imaginer mourir encore, mais mort ! Fini, le néant… Et s’il y avait une vie après ? Un paradis, un enfer ? Non… Il n’y croyait pas. La vision de la Bible lui semblait bien trop simpliste pour ce monde si complexe. Elle n’était qu’un moyen de canaliser les peurs de vivre, et de mourir. Comment disaient les adultes déjà ? Un anxiolytique ! Voilà ce que c’est !

Pourtant, maintenant qu’il y réfléchissait, Matt réalisait que l’humanité, en créant ses civilisations, avait évolué, jusqu’à élaborer une mémoire et une projection de l’avenir. Et donc un but. Alors c’est l’homme qui a donné un sens à sa vie, pas Dieu !

Matt ne parvenait pas à imaginer qu’un Dieu puisse avoir tout préparé, depuis le singe jusqu’à aujourd’hui. Quel gâchis ce serait pour toutes les générations qui ont été avant l’avènement de la civilisation…

Puis il songea à l’héroïsme qu’il aimait tant.

C’était exactement cela. Donner un but à son existence. Être prêt à tous les sacrifices pour accomplir sa quête. L’héroïsme était-il une autre réponse de l’homme face au vide de son existence ? Une autre solution alternative à la religion ? Bien que compatible également…

Que s’était-il passé ce jour de décembre où tout avait basculé ? Un Dieu était-il derrière tout cela ? L’hypothèse de la Nature toute-puissante lui plaisait. Il se souvint tout à coup d’Ambre sur l’île, qui lui avait demandé d’être plus respectueux des croyances de chacun.

Je crois que c’est elle qui a raison. La Terre nous a donné naissance d’une certaine manière, nous étions une sorte de… d’expérience, un véhicule pour propager ce qu’elle est par essence : la vie. Et lorsque nous nous sommes mis à dévier de ce pour quoi nous étions faits, lorsque nous nous sommes mis à devenir une menace pour la vie plus qu’un moyen de la répandre, alors la Terre, la Nature, nous a corrigés violemment. Il y a eu des avertissements, les changements climatiques, les catastrophes naturelles à répétition. Nous n’avons pas écouté. Elle s’est énervée une bonne fois pour toutes. Maintenant, il faut repartir sur de bonnes bases, nous avons une seconde chance, il ne faut pas la manquer !

Soudain il se demanda ce qu’il adviendrait de l’humanité, du moins ce qu’il en restait, si la guerre entre Cyniks et Pans persistait ?

Et si c’était une sorte de gigantesque test ?

Ne pas parvenir à s’entendre signifierait une autre Tempête. La dernière.

Matt en était là de ses interrogations, absorbé par ses pensées et par la marche forcée, lorsque Tobias s’immobilisa tout net avant de se précipiter vers ses camarades pour les pousser sur le bas-côté.

— Planquez-vous ! s’écria-t-il en sautant dans un fourré.

À peine étaient-ils dissimulés que deux chevaux surgissaient du virage au galop, portant des soldats en armures noires. Tobias attendit une bonne minute après leur passage pour ressortir.

— Je crois qu’il y a une ville derrière cette forêt, venez !

Il retourna au sommet de la butte d’où il avait aperçu le danger et pointa du doigt la vallée.

— Incroyable ! s’exclama-t-il. Incroyable !

Ambre et Matt le rejoignirent pour contempler une rivière traversée par un pont de pierre.

Une cité faite de torchis blanc et de bois s’étendait au-delà, des habitations basses à l’exception d’un complexe néogothique qui ressemblait à plusieurs églises.

— C’était une université, pensa Ambre à voix haute. Avant la Tempête. Les Cyniks ont bâti leur cité autour.

Une seconde rivière, plus large que la première, coupait la ville en deux. Un grand bateau mouillait au port. De son côté, la plus haute tour de l’université avait été modifiée pour y ajouter de longues structures en bois ressemblant à des quais suspendus dans les airs.

Les Cyniks étaient bien plus inventifs qu’ils ne l’avaient imaginé.

Et partout sur la ville, flottait le drapeau noir et rouge de la Reine Malronce.

Autre-monde 2 - Malronce
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